C'est assez pour un 7c...

Il y a 20 ans les guignols de l'info raillaient Michel Rocard et ses onomatopées imbitables concernant les "forces du progrès". J'ai passé mon année de terminale à imiter ces éructions à moitié débiles pour la plus grande joie de mes camarades, et je le fais encore aujourd'hui d'ailleurs, à mes heures perdues. La connerie me poursuit, c'est un fait, mais qu'en est-il du progrès et de la force ?

La force, et le progrès... vaste débat lorsque l'on aborde ce qui fait monter le niveau en escalade sportive. Pour ma part, cela fait presque trois ans que je n'ai pas grimpé sérieusement. La priorité allait jusqu'il y a peu au BASE et à mon diplôme de guide. Le premier en pause et le second en poche, je me retrouve aujourd'hui avec une soudaine fringale de rocher. Le plaisir de broyer les réglettes me manque, mes bras réclament des lactates, il faut que je grimpe !

Pourtant, depuis le début de l'année civile, mon carnet ne donne trace que de 5 demi-journées de falaise, dont deux s'apparentant à des aimables promenades dans des longueurs n'excédant pas le 6b+. 

Aujourd'hui cependant, j'ai enchaîné relativement facilement un petit 7c qui me manquait dans ma falaise locale fétiche. Ok, ce n'est pas bien long et cela ne demande pas une rési catalane, mais le crux est plutôt violent, intransigeant au niveau des pieds, et sur des préhensions ne me convenant pas à l'accoutumée... 

S'offrir cette petite croix avec si peu de volume et dans un style qui n'est pas celui qui me réussit le mieux habituellement me fait penser que l'on finit par "mûrir" en grimpe: la décontraction, le "grimper délié", tout ce qui fait le "métier", l'expérience, l'anticipation et l'envie d'en découdre valent parfois autant que d'être physiquement affûté comme une lame. 

J'en viens à la conclusion qu'en combinant tout ces facteurs, rien n'est impossible ! Je pars donc dès demain pour deux mois en Espagne mettre des runs dans "la Dura dura" et "la Rambla" ! Prévenez le surpuissant bellâtre ricain drapé de Prana et le déguingandé Harry Potter des falaises de laisser les dégaines en place, je ne serai pas long à torcher ces bouses surcotées !

Votre serviteur, totalement décontracto-relâché, pas mécontent de se remettre la confiance en escalade libre ! Merci à Thierry pour l'assurage et le bon conseil dans le crux !

Week-end de ski de montagne dans les Ecrins avec l'Esmug

Après avoir découvert ma vocation à l'Esmug et au Gucem à la fin des années 90 (déjà !), j'aime à rendre un peu de passion à ces nobles institutions cuvettardes qui ont contribué à donner un nouveau sens à ma vie. 

Elève en sport noté pendant mes études, puis des années d'initiateur escalade à encadrer à Halle Chartreuse, la SAE mythique, puis des années à faire le BE escalade le jeudi après-midi en falaise, les soirs, les week-ends à Orpierre, Calanques, Verdon... et enfin des sorties montagne en tant que guide, alpinisme en Suisse l'an passé, dry cet hiver, et ski ce printemps. La boucle est bouclée, l'histoire continue !

Pour ce qui est la clôture de la saison de nos amis étudiants et jeunes travailleurs, nous nous rendons dans les Ecrins, un massif qui m'est cher. Plus précisément, le premier jour, dans le très sauvage vallon de Bonnepierre, où j'ai grandi comme skieur, en compagnie de mes inoubliables compagnons du BLMS à qui je dois énormément. Ma vie serait sans doute très différente aujourd'hui si je n'avais pas croisé leur chemin. Je ne l'oublierai jamais. 

En remontant ce vallon que je connais si bien, un sentiment de malaise m'envahit. Je ne me sens pas tranquille, je sens planer comme une menace. Mon flair légendaire ne me trompe jamais. Pas une menace, mais La Menace ! Tout pimpant, skis légers aux pieds, Ray-Ban Wayfarer vissées sur le nez, Orthovox F1 d'époque autour du nombril, lingots d'or dépassant de la poche de son pantalon, le beau Meusien ride la moquette depuis la station météo flanqué de son truculent pater, que je n'avais pas vu depuis une bonne décennie ! Embrassades et accolades de bon coeur pendant que les étudiants patientent au soleil sur une croupe. Salut le M, tu m'as fait plaisir ! Si je m'étais douté ! Pourtant, j'ai bien regardé et je n'ai point remarqué de 106S16 rouge Lucifer sur le parking, comme quoi...

Le reste du trip ? Top ! Du très bon ski les deux jours, des parties de coinche endiablées au Chatelleret (dont nous tairons pudiquement les scores et les branlées prises par nos jeunes joueurs face à l'équipe de l'ancien...), un excellent chocolat chaud chez Frédi et Nath, et une brèche de la Meije rondement menée par notre équipe de 7 rideurs de choc. Un super team plutôt très à l'aise, un niveau de ski très honorable, du matos bien réglé, des sacs à dos pas trop lourds, et un split-boarder bien sympa qui sera la mascotte de notre groupe pendant deux jours ! Merci à Thierry de m'avoir confié la sortie, et à ce groupe top de l'avoir rendue si agréable: à bientôt !

Parés au départ, fait pas frais...
Un (tout petit) peu de buisson-skiing à la montée, pour le fun
Les filles en terminent et arrivent à la pause déjeuner
Au fond, un vieil ami qui m'impressionne toujours autant... 2001, si près, si loin...
Redescente, puis des kilomètres de plat dans le vallon des Etançons. Sourire pour tout le monde !
Arrivée au Chatelleret, où je n'avais encore jamais dormi
Lecture, jeux de cartes, boissons, l'aprèm se passe dans la bonne humeur
Bonne nuit, nous allons nous coucher... Bonne nuit, nous allons les...
Test des DVA le matin. Les nappes de brouillard bien épaisses alterneront avec les trouées pendant toute l'ascension...
Ca file droit, esaaaab !
Sa Majesté la Meije est pudique en ce jour...
Le L et Christophe arrivent au Promontoire
Le plus beau panorama du massif...
A la brèche, c'est Woodstock ! Frédi, emblématique gardien du Promontoire, a compté 85 personnes ce jour ! 
Pause chocolat-chaud-petit-LU de rigueur !
Retour sur le glacier: on chausse les crampons pour les 100 derniers mètres
Le groupe en termine avec les derniers mètres raides
Torché ! Kristina, Emmanuel dit "le Padawan", Yannick, Gilles, Cécile (un sacré numéro !), et Faustine ont vaincu ! Pendant ce temps, Christophe affûte son split devant un fondant au choc au refuge, le veinard !
Kristina, la plus française des Norvégiennes !
La Grave, le Chazelet
Descente efficace et bien gérée grâce aux 50m de Dyneema: c'est bon d'être light !
Du bon ski en haut, un poil lourd en bas du vallon
Dernier coup d'oeil dans le rétro...
Pour vous, Mesdames...
Le printemps (qui a dit l'été ?) s'installe en vallée
Déchaussage à la passerelle, une demi-heure de marche jusqu'à l'auto: raisonnable

Tour du Rateau: les conditions font le larron... marron !

J'ai un petit faible pour le vallon des Etançons, ce petit côté chaud et "sudiste" qui n'est pas sans me rappeler les rayons solaires Corses, le tout enveloppé dans un écrin de roc et de glace de part et d'autre, l'ensemble étant chapeauté par la reine Meije. Le tour du Rateau, réalisé aux 3/4 l'an passé avec Delphine dans le cadre de ma préparation au stage guide, s'était très bien déroulé, mais le retour par les Enfetchores avait été zappé pour cause de crash météo. A la place, on avait eu l'honneur de déblayer le Promontoire, dont c'était l'ouverture, et d'y passer une soirée mémorable. Pas pire !

De retour cette année à la journée avec l'ami Cédric, on part pour torcher l'affaire vite fait sans trop perdre de temps. Un rapide coup d'oeil sur le blog du Promontoire, tenu par les célèbres Frédi et Nath, suffit à me décider: "très bonnes conditions sur le tour de la Meije". Allez zou, ça peut pas être trop mauvais au Rateau, on y va !

Sauf que... le changement d'heure nous fait arriver un peu plus tôt, sauf que le vent souffle un peu plus que prévu, sauf qu'un mauvais voile nuageux empêche la Girose de décailler, sauf que les Enfetchores sont dégueulasses comme jamais. La prochaine fois, on passera des coups de fil... mais l'aventure, c'est aussi se contenter de peu d'infos et de découvrir sur le terrain l'état de la montagne. Entendons-nous bien, on a passé une excellente journée en haute montagne, on a juste skié du caca. Ca arrive !

Le plaisir de croiser quelques têtes connues en ces lieux magiques a rendu cette journée d'amitié avec Cédric fort agréable: Ju et Jonathan, deux BE escalade en mode alpinistes, Anne "la Blonde" et son ami Benjamin, jeune aspi, Frédi et Nath, indécrottables gardiens du Promontoire, et enfin Benj Gérard, BE et aspi qui tricote autour de la reine Meije pour les besoins d'un reportage presse écrite qu'il me tarde de lire !

Sourire de rigueur à la gare sup des Ruillants, avec Ju Chaussidon qui s'attaque en compagnie de Jonathan à la goulotte Allera-Pelatan au Rateau
Montée au col de la Girose: Cédric, tout sourire, reflète bien notre état d'esprit du jour: cool et contents d'être là
On vire les peaux et go !
Le couloir, bien Sud, est en béton et irrégulier. La faute à un mauvais voile nuageux, un peu trop de vent, et au changement d'heure: on désescalade sagement
Le L trace vers la brèche du Rateau
Une longueur plus délicate, négociée en solo. Ici Cédric à l'oeuvre
A la brèche, le soleil frappe désormais très fort
Couloir en mauvaises conditions, on skie mais ce n'est pas plaisant
Sa majesté, et le col du Pavé en bonnes conditions, lui !
Plus bas sous l'étroiture, ça redevient meilleur, l'ami Ced' se régale
Le pendant boisson du KFC: un bon Red Bull pour se requinquer !
Cédric n'en démord pas et suit la trace de Kosovar qui taille droit sur la moraine... Merci l'ami Benj pour cet exercice de style qui fracasse les mollets, moi je préfère tracer plus cool dans les combes, à mon grand âge...
Rencontre impromptue et qui fait bien plaisir: Anne la Blonde et son homme !
Passage éclair au Promontoire, faire la bise à Nath, saluer Frédi, et tirer la joue de ce coquinou de Benj Gérard qui s'offre un tour de la Meije 5 étoiles pendant qu'on bouffe de la croûte et du béton sur la boucle "soeur" au Rateau...
Le L, déguisé en missionnaire africain façon Tintin au Congo !
Un paysage dont on ne se lasse jamais...
Les 100 derniers mètres sous la brèche de la Meije sont en neige béton, mais bien tracés
Cédric dans les marches glacées et raides qui mènent à la brèche de la Meije 
Couleurs magnifiques, pas de vent: top ! Et une pensée pour Mat Plasteig avec qui je suis passé ici dans l'autre sens en 2004. 10 ans déjà que tu es parti l'ami, je pense à toi en franchissant cette brèche qui te plaisait tant...
Alles klar Herr Kommissar !
Ced' dans son activité préférée... ou pas: être mouliné à mach 12 !
Direction l'entrée des Enfetchores dans du carton à vomir !
Ilôts rocheux et glacés, méfiat...
On reste bien concentrés, la descente est piégeuse et on en bouffe sur 800m...
Quelques virages sautés façon années BLMS qui demandent la plus grande attention
La dernière écharpe en bas pour rejoindre les vallons classiques, on se lâche davantage
Couleurs magiques en fin de journée, en ligne de mire: Chalvachère. Ca sent l'écurie !
Les Enfetchores du 1er avril 2014: le plus mauvais ski depuis très longtemps !
Ca skie encore jusqu'à la grave moyennant 20m de déchaussage, mais il ne reste qu'une ligne et pour deux jours max à ce rythme
La Grave dans la douceur d'une fin de journée de printemps... et pourtant on va skier jusqu'en bas !