Balade verticale au Castellucciu

Assez régulièrement au fil des années, j'ai le plaisir de partager une course avec l'ami Maxime, dont les grands parents sont mes voisins à Zonza. Un jeune homme aux multiples talents (journaliste, enseignant) qui profite de la jeunesse pour découvrir le monde et rouler sa bosse comme expat' ces derniers temps. Couennes et grandes voies à Bavella sont à mettre à notre actif mais également l'an passé une belle ascension du Grand Paradis pour fêter les 30 ans de son frère Joanny. Un excellent souvenir encore vivace dans mon esprit, dont le récit fait partie des pages de ce site.

Cette année, pour fêter nos retrouvailles et le début de quelques jours de repos pour votre serviteur, on s'offre la toujours très belle balade verticale "Périllat" au Castellucciu. Un itinéraire abordable mais superbe, dans le cadre toujours incomparable des Ferriate. Cela demeure un plaisir de le parcourir, tout en discutant sans discontinuer avec l'ami Max ! Puisse-t-on concrétiser de nouveaux projets dans un futur proche ou lointain: Dent de la Rencune en Auvergne, alpinisme, Mont Blanc... Fuss'ella puru !

Le très beau dièdre qui marque le départ de "la Périllat".
Les Ferriate, massif toujours aussi sauvage et superbe
Max aux prises avec la fissure en 6a de L1, le crux bien sympathique de la voie
Les tafoni, spécialités maison
Petit relais intermédiaire pour continuer à discuter et travailler la confection de ces derniers
Max entre ombre et lumière
De magnifiques petites baumes parsèment la face
Une sortie directe abordable (6c ?) doit être envisageable, peut-être même sans gougeons...
Un jeu de friends permet de protéger facilement et efficacement les quelques pas plus techniques
Max surpris en plein délit de Dülfer
Atelier relais pour Max, studieux et appliqué
Dans le haut de la face, un caillou toujours excellent
Maxime et Romain: la "chauvitude attitude" !

Traversée de la Meije: l'alpinisme par excellence

Pour la fin du cycle "alpinisme estival" de Nathalie, il nous fallait une course en forme de feu d'artifice. Début de saison à la tranquille arête du Pin en Belledonne, fin de saison au Grand Pic de la Meije par l'arête du Promontoire suivi de la mythique traversée des arêtes. Une course historique qui, malgré la première en 1877 par Castelnau et les Gaspard père et fils, demeure, encore aujourd'hui, ce qu'on appelle une grande course. 

Dernier sommet majeur des Alpes à être vaincu (12 ans après le Cervin notamment et la saison magistrale de Whymper), la Meije représente pour bien des alpinistes une forme de consécration. Course présentant globalement assez peu de dangers objectifs (enfin, la brèche du même nom et le couloir Duhamel peuvent il est vrai s'inscrire en faux), elle demande une palette d'alpiniste complet: du rocher, des arêtes effilées avec les crampons, de la goulotte, de l'aisance dans les nombreuses manips de corde (de nombreux petits ou grands rappels), la capacité à tenir un horaire et donc à adapter sa façon de se protéger, à rester lucide, à "intuiter" le bon chemin, etc...

J'avais, il y a 13 ans jour pour jour, passé une nuit magnifique au pied de la dalle Castelnau avec l'ami Matthieu Plasteig, malheureusement disparu ce même été. Rythme de sénateur, polenta "à l'étudiante" (ie sans rien) et fous rires sous les étoiles avaient été au menu de ce bivouac en mode "tchétchène" qui a marqué ma jeunesse. Aujourd'hui, devenu guide et dépassant à l'aube le campement qui avait été le nôtre, j'ai eu une pensée émue pour Matthieu. Cette traversée, elle est pour toi, ami des cimes qui est toujours bel et bien vivant en chacun d'entre nous.

LA photo immanquable: l'enfilade des Dents (Zsigmondy au premier plan, Doigt de Dieu plus loin, très individualisé, qui marque la fin de la traversée et le début de la descente vers l'Aigle). On voit même le Pavé et le Gaspard qui, avec le Rateau, complètent LA traversée légendaire du massif.
La reine Meije vue de la Grave, version été
Plaisir et surprise de retrouver l'ami Abdou Martin et son client Bernard dans les Enfetchores. Nous ferons un bon bout de chemin ensemble, jusqu'au Grand Pic
Nathalie suivie comme son ombre par Abdou, Bernard est plus bas
Nath au coeur de l'astucieux cheminement des Enfetchores. Une belle petite course en soi. 
La face Nord de la Meije, imposante
Au sommet des Enfet', on prend pied sur le glacier direction la brèche de la Meije
Rimaye béante 
Nath en termine avec les rochers brisés menant à la Brèche

Et soudain: le Vallon des Etançons. Avis à la population: vu le retrait glaciaire, le versant sud de la brèche est un véritable dégueuloir l'été. Ne pas descendre par la voie "d'hiver" le long des rochers, mais désescalader des dalles peu à moyennement raides (un gougeon tous les 8-10m) jusqu'à un rappel de 25m sur chaîne inox déposant sur le glacier... Merci à la compagnie des guides Oisans-Ecrins pour ce travail qui bénéficie à tous !

Une cordée ayant ignoré ce cheminement nous a méchamment parpinés, le L en est tout blême: suite à une rafale de pavasses pile dans notre axe, une caillasse de la taille d'un ballon de hand est passée à 80km/h en sifflant à  moins d'un mètre de sa caboche... Gaffe à vous et prenez cette ligne qui démarre juste au col ! Faites tourner l'info !
Repérage diurne après une bonne omelette répératrice au Promontoire et l'accueil toujours chaleureux de Fredi
Nath fait ses premiers pas sur la reine de l'Oisans
Lendemain matin très tôt, c'est parti pour de bon ! 
Sommet du couloir Duhamel, le jour commence à poindre
Il y a 13 ans, à cette heure là, à cet endroit précis, deux gugusses dormaient comme des bébés après un bivouac 5 étoiles...
La preuve avec ce cliché d'époque ! Salut Matthieu...
Nath à l'attaque du mur Castelnau
Dans les vires sous le glacier carré
Le soleil frappe de ses premiers rayons le Grand Oisans !
La cheminée puis la dalle des Autrichiens, autre passage remarquable
Nath sur le point d'attaquer le fameux pas de dalle "ostro-teutonique"
Brèche du glacier carré, le sommet nous domine encore de 250m
Dans la face Ouest, certains passages sont verglacés. Je me fourvoie un peu en louvoyant à vue et m'offre quelques sensations dans une belle dalle compacte improtégeable présentant certains pas glacés...
Encore un passage mythique se profile à l'horizon: le fameux "cheval rouge", qui permet de basculer versant Nord. Lui, on le voit de loin !
Plus on monte, plus c'est beau !
Cheval rouge, photo obligatoire
On bascule en Nord, et hop, du soleil ! Serait-on dans l'hémisphère sud ?
Nath, très solide comme à son habitude, est tout de même bien entamée au sommet du Grand Pic. On vient d'en terminer avec 900m d'escalade, il reste la traversée. C'est la mi-course.
Au fond, la Barre et le Pelvoux, bien plus dégagé que dimanche dernier quand nous en foulions le sommet !
Selfie sommital
Après les rappels du Grand Pic, bout d'arête aérien pour rejoindre les câbles de la brèche Zsigmondy
La sortie raide dans la goulotte demande une escalade technique et engagée: le câble est carapacé de glace sur les 20m les plus raides
La suite, enneigée, est grandiose et déroule bien. On est en polaire légère à presque 4000 toute la journée
L'arête du Promontoire et le refuge éponyme, tout en bas
Voyage entre ciel et terre
Vous avez dit itinéraire de caractère et d'envergure ?
Quelle ambiance ! Vraiment haute montagne
Rappels du Doigt de Dieu, on touche au but
Franchissement de la rimaye, on prend pied sur le glacier du Tabuchet. 
Guide heureux, on est presque au bercail
Encordement bien long sur ce glacier aux crevasses monstrueuses
Le petit bijou qu'est le refuge de l'Aigle est en vue
Accueil au top, localisation parfaite, un endroit de rêve. Allez-y !
Le glacier de l'Homme, moins accueillant l'été que l'hiver avec les skis
La conception du refuge de l'Aigle est vraiment ingénieuse ! Optimisation, espace, aération, convivialité, tout y est !
Ca c'est de la bière: la "Chatte en Feu" ! Made in Briançon ! Le goût ? On s'en fout, rien que le nom est dément !
Contempler le glacier aux premiers rayons du soleil dans un silence total: une nuit à l'Aigle, ça devrait être remboursé par la sécu !
Pureté matinale
La carte postale
Allez zou, direction le pont des Brebis, à deux pas de chez mon ami Niels Martin. Et 1800m plus bas...
Dernier regard vers le massif de la Meije. Grandiose.
Au fond, "la Bosse". Pour nous, bientôt la vire Amieux
Rémi, guide du Champsaur bien sympa et son client Léo, qui nous ont trimballé du Pont des Brebis au parking du Télé où notre voiture était stationnée. Merci à eux !
Retour à l'étage du dessous, ça fait du bien de voir un peu de vert !
Gavade dans un grand restaurant américain. Pouvait-il en être autrement après une belle bambée comme celle-là ?