Pénitence au Mont Blanc par la voie du Pape...

La fine équipe Parisiano-citadino-fashionisto-hype est de retour pour une nouvelle saison, 4 ans après ses premiers pas sur la neige et la glace, afin de pouvoir, enfin, torcher ce Sacro-Saint Mont Blanc et passer à autre chose. Depuis ma rencontre avec Thomas en 2014, il s'est passé un paquet d'aventures: de l'escalade dans les Calanques, puis de l'alpinisme tous les ans, jusqu'à revenir vers ce projet initial de Mont Blanc, en étant cette fois bien mieux armés et expérimentés. Refaisons les présentations des forces en présence, par pur plaisir:

Thomas dit "le Pieux" est l'instigateur du projet. Baignant volontiers dans une atmosphère catholique si possible quasi intégriste, il apprécie les prières à haute voix du Flamboyant, se retenant de reprendre en coeur avec lui un "Kyrie Eleison" en latin (et en quinte juste, afin de ne pas froisser le père Blaise) par pure discrétion et timidité. Mais le coeur y est. Et s'il lui arrive parfois de vouloir crier que son Dieu est grand et beau, vivant et très haut, il s'abstient, tout en retenue. C'est là toute la puissance de la foi emprunte d'humilité. 

Alex dit "l'Inquiétant" porte bien son surnom. Vivant dans une vieille Honda Civic surmontée d'une tente de toit, passant l'hiver tapis dans les forêts suédoises, le Spielberg des Carpathes a toujours son membre droit comme un i dans la main droite. Je parle bien sûr de sa micro-caméra à stabilisation qui ne le quitte jamais, prête à immortaliser une narration ou à filmer des rushs aussi longs que la nuit polaire... Nul doute que cet influenceur 2.0 est promis à un grand avenir. Parmi ses 12 followers se trouvent déjà les célèbres quoiqu'injustement décriés Francis Heaulme et Guy Georges, c'est un bon début...

Enfin entre en scène Florian RD dit "le Brunchonomic". Si sa barbe et sa chevelure permettent de le confondre avec le légendaire Hermann Buhl, son physique impressionnant qui ferait passer Elie Sémoun pour un combattant de MMA nous rappelle que nous sommes face à un bruncheur invétéré dont la grande passion est de payer très cher une tranchette de banane. Son dernier défi ? Montrer que ne pas savoir dévisser une ampoule n'est pas rédhibitoire pour devenir ingénieur, incroyable.. mais totalement authentique ! C'est follement décadent. Perso je suis fan !

Bref, sur le papier on devait, comme tous les ans, bien rigoler sur cette semaine de stage et on n'a pas été déçus ! Comme tous les ans. Cette fois cependant, après la sueur, le sang, les larmes, nous avons posé le pied sur le toit des Alpes, par la plus belle et sauvage des voies normales: celle des Aiguilles Grises, ou "voie du Pape", versant Valdôtain. 

En effet, le futur Pape Pie XI (Seigneur, nous te prions) fut le premier à gravir cet itinéraire grandiose, totally wild, et ultimement minéral. Il n'en fallait pas plus pour que l'équipe s'approprie ce choix d'itinéraire et propose même de le gravir à genoux, avec des poches de verre pilé accrochées aux genoux et une couronne d'épine sous le bonnet ! Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde...

Mille mercis au légendaire himalayiste français Christian Trommsdorff, dit "Huggy les Bons Tuyaux" (les tickets de train gratos, la navette pour la lac Combal, sa force de persuasion incroyable, sa foi en lui inébranlable, ses éructions sonores aussi bien diurnes que nocturnes font partie de l'Histoire de l'Alpinisme) ainsi qu'au jeune mais talentueusement fougueux (ou fougueusement talentueux ?) Clovis Paulin de m'avoir accompagné dans cette aventure. On s'est forgé de bien beaux souvenirs communs et c'est bien ça le plus important. 

Welcome anytime guys pour une future sauterie alpine ! Et rendez vous en novembre pour se mettre une maxi-timbale pour fêter la médaille de Clovis !

Christian et ses clients en terminent avec le col des Aiguilles Grises, on est juste derrière. L'équipe va enfin trouver le soleil et filer vers le Mont Blanc. Mais avant cela, les participants se sont acclimatés et affûtés...

Retrouvailles avec le "Oueurlde Shampionne" de ski alpinisme Mathéo Jacquemoud, le chamois de la Croix Haute ! Presque 15 ans qu'on s'entraînait ensemble pour passer le guide, salut mec !

Clovis de bonne humeur à l'Aiguille d'Entrèves avec sa cordée...

... pendant que débute le festival "Florian RD": mousqueton "qui ne veut pas se dévisser" et qui coûtera à votre serviteur une demi heure d'attente, un rappel, et une récupération instantanée du skif "récalcitrant", suivis d'un abandon de friend sans combattre, avec la même punition pour le guide venu récupérer le précieux tri-cam sans souci... de quoi mettre sa patience légendaire à l'épreuve :)

Météo vraiment moyenne mais grande ambiance !

Désescalade des loustics sur le beau caillou d'Entrèves

Ze Dog of the Talus of Ze Reposoir prend la pose... Beeau gosse, fort, drôle, et mûr... mais que reste-t-il aux vieux ? Euh... pas grand chose :)

Deux débilos aussi insupportables l'un que l'autre, plus de 100 ans cumulés au compteur, et qui feront dire aux stagiaires: "finalement le plus mûr c'était Clovis !" (25 ans pour le sosie de Messner, ça fait mal à l'égo...)

Non ce n'est pas le PGHM mais l'arche de Noé qui s'embarque pour le Mont Blanc via Gonella. Ici au camping à Peuterey avant de décoller...

C'est parti pour une moraine aussi longue que le Carême... un véritable chemin de croix qui mettra notre foi à l'épreuve. Pax Christi. 

Couleur incroyables sur le glacier, on se défracte les mirettes !

Les glaciers du quartier ne font vraiment pas rire, on n'est pas en Belledonne que Diable !

Des crevasses très tourmentées, superbes (de loin) !

Dans les sections plus techniques sous le refuge

On y est presque ! On l'atteindra après 4h30 d'effort, et un quart d'heure seulement avant la pluie, la neige, et la grêle ! Timing top !

Incroyable glacier du Dôme

Chris brave les éléments à la recherche de réseau !

12 Polonais bruyants et désorganisés dans le dortoir, c'est pénible...

Feu, c'est le jour J ! On ne se presse pas et on part tranquilles, au jour, base les frontales !

C'est la foire aux crevasses et aux séracs !

Flo sur l'arête en direction du Piton des Italiens, hyper esthétique !

Col des Aiguilles Grises, après la section très raide

Hermann Buhl 2.0

En route vers le Dôme du Goûter

Christian, Thomas et Alex en plein effort. Au loin, Bionassay la magnifique !

L'objectif se rapproche, mais il reste un peu de chemin !

Pause à Vallot (enfin propre depuis la mise en place de la vidéo surveillance !). Flo respire comme un charme avec ses 3 poumons, Thomas lutte contre l'altitude alors qu'Alex rigole: ça ne va pas durer, il ne va bientôt plus savoir comment il s'appelle ni où il est... les pipettes, ça gèle, et après on peut plus boire... Eeeeh oui !

Cliché classique, toujours superbe !

La cordée du Flamboyant au sommet, c'est fait ! Dans quelques minutes, elle sera rejointe par Chris et Thomas, pour compléter le succès collégial !

Les deux chefs de cordées posent pour la postérité. Un vrai plaisir de bosser avec Grand Schtroumpf !

Le Grand Diego Simari nous fait le plaisir de lâcher sa flûte pour immortaliser ce succès collectif: bravo les gars !

La soucoupe rassurante du Goûter à la descente. Alex va pouvoir s'y effondrer et boire 5L d'un coup, et nous autres s'enfiler une brave omelette maison !

La table des Géants: l'immense Andrej Stremfelj, le Grand Christian Trommsdorff, et les modestes Bruno Pellicier ainsi que votre humble serviteur... on se sent tout petit !

Diego, grand alpiniste au grand coeur et musicien le plus haut d'Europe ce matin, rencontré en Patagonie il y a 2 ans. Emotion de le retrouver ici !

Encore un coucher de soleil majeur "vu d'avion" au Goûter

Dernier jour, descente pénible sur une arête bondée... "Ce n'est pas de l'alpinisme" dira Chris. Difficile de lui donner tort, le départ à 5h fut une mauvaise idée pour l'agrément, mais un gain de temps précieux pour le reste de la journée. Mea Culpa. 

A gauche, une épave, à droite, une ruine. Pas facile de vieillir...

Pause au soleil lors de l'ascension du Mont Blanc versant Italien. Manque l'espresssssso ! A l'année prochaine pour un tour dans le Mont Rose !

Intermède rocheux 5 étoiles...

Coincés entre deux semaines Mont Blanc (une année faste moi qui n'y avait pas mis le pied en une demi-décennie...), quelques jours d'escalade calcaire avec ma cliente fétiche Nathalie vont me permettre de recharger les batteries, de dormir ailleurs que dans des refuges à l'odeur de chaussette et à l'air raréfié. Ces joies de l'altitude ont du bon, mais enfiler les claquettes ou les chaussons dans un lieu aussi magique et historique que le Verdon, aussi !

"Tu retourneras alors dans les gorges, où tu as quelques souvenirs..." m'avait dédicacé Maître Sylvain Maurin en m'offrant, pour mes 30 ans, un objet que je chéris depuis lors: Le livre "Verdon sans frontières", signé Belden/de Colombel, écrit en 1983 et véritable bible du pays Paluard. 

Cela faisait trop longtemps que je n'avais pas posé les mains sur le calcaire gris le plus célèbre du monde, et le lieu demeure toujours aussi fascinant, intimidant, et d'une beauté indescriptible. Le caillou n'est, depuis belle lurette, plus seulement gris au Verdon, le mythe l'Escalès perdure mais de nombreux autres secteurs, plus modernes, moins patinés, parfois moins fréquentés aussi, s'offrent au grimpeur désireux de croquer un morceau du mythe.

C'est ainsi que Nathalie a pu parcourir quelques itinéraires variés, tous superbes, certains anciens d'autres tout neufs, et parfois soutenus dans le niveau 6a/b ce qui n'est pas rien dans ce temple du rocher.

La suite en (belles) images... avant de rechausser les grosses !

Caillou de merde, environnement de merde, météo de merde, mais qu'est-ce qu'on fout là ?! Sans dec, le Verdon, c'est quand même un monde à part !

Beau rappel en fil d'araignée au Galetas, malheureusement avec le vent ça a coincé à 20m à l'horizontale dans des arbustes, le cul plein gaz, pénible...

Du beau caillou mais le cirque ininterrompu des pédalos et de certaines autres cordées bruyantes gâche le plaisir, je passerai mon tour la prochaine fois...

Nathalie se gave de gouttes d'eaux dans un dièdre bicolore soutenu du plus bel effet !

Du caillou parfait, de l'eau turquoise au fond, c'est sûr on n'est pas aux Vouillands !

Somptueux rocher gris des gorges...

Rocher irréprochable et soleil de plomb, le thème du séjour ! Le but: rester à l'ombre sinon c'est caramélisation assurée !

Belle envolée sur un caillou adhérent et prisu, c'est le panard !

A l'attaque des rappels de la Dérobée, vue imprenable sur la Castapiagne... des lieux de légende

Sacré Houuuberte, et toujourrrs cette poutain de chaleuurrre... (OSS 117 pour les profanes)

Des dièdres/fissures old school en 6a en veux-tu en voilà, ceux-là ne seront jamais décotés !

Certaines voies non rééquipées "aux standards modernes" nécessitent d'être bien concentré pour ne pas se mettre un fly de l'espace façon Thomas Pesquet en cas de zipette

Encore du rocher pourri... 😁

Don de l'Aigle, une superbe voie technique, sur trous, soutenue dans son niveau. Ca a beau ne pas être à l'Escalès, c'est un bijou !

Nath s'extirpe d'une traversée un peu engagée et technique

Vue sur le lac de Sainte Croix au sommet

Après l'effort, le réconfort !

Le charmant village de Rougon, camp de base de l'expédition. Le célèbre Gîte du Mur d'Abeilles a été intégralement refait à neuf. Finie la maison hantée, c'est superbe ! Et comme l'accueil demeure égal à lui-même c'est à dire top, c'est une adresse que l'on vous recommande chaudement !

Rougon, calme, tranquillité...

... et beauté d'un village perché !