S'o chjodu l'occhji...

"Si je ferme les yeux"... chantait l'une des plus grandes voix corses de l'Histoire, Petru Guelfucci, décédé il y a deux jours, laissant les Corses et la Corse orphelins d'un ambassadeur immense. Si je ferme les yeux, moi, je revois des milliers de souvenirs de mon village, u Petricaghju, et elles sont souvent associées à des morceaux de Petru ou de Canta u Populu Corsu, le groupe emblématique dont il fut l'une des figures de proue. 

Ce nouveau stage insulaire de ma fidèlissime cliente Nathalie ne fait pas exception à la règle, le son de Guelfucci, mais aussi des Muvrini, de Canta, des Chjami, de l'Arcusgi, et tant d'autres, a bercé mes oreilles le matin et le soir à la maison, avant de me plonger quotidiennement dans le complexe, très articulé, mais sublime massif de Bavella, éternel et puissant. 

 Je dédie ces quelques images commentées à la mémoire de Petru Guelfucci, lui qui a si bien su chanter la beauté "nustrale" et les joies, comme les tristesses, insulaires. Ripos'in santa pace Petru.

De jolies voies, isolées si possible, abordables, mais full trad sont en général le thème des séjours de Naths en Corse. Cette année encore, on a réussi à dénicher de chouettes itinéraires bien dans le thème...Ici un beau 5+/6a bien technique en fissure et aux tafoni fragiles, mais si beaux !
Jammin'... bon là c'est du Bob Marley, c'est tout de suite moins sexy comme zic. Sus aux punks à chiens :)
Nathalie pose pour la postérité en grande compagnie: il y a de la vedette au mètre carré là: l'inamovible Carlos, le flegmatique Antoine, émoussé par une énième saison de canyon, le "crack master" Jeff Andreucci, et la star mondiale Sam Beaugey ! Ne manquent que l'ami Thierry, retenu dans sa famille, et Arnaud Petit pour parachever le tableau !
Enfin des tafoni à gogo, tous plus ou moins solides, à chacun de choisir...
Grosse ambiance dans l'arête de Quenza, par la variante "officielle", celle du topo: je ne l'avais jamais parcourue, mes nombreux parcours précédents, datant de plus d'une décennie il est vrai, passaient plus à gauche dans la face
Fissure malcommode pour Nath, au réta
Belle longueur de dalle et fissure pour les clients d'Arnaud Petit, que l'on devine au relais dans la conque tafonesque du haut
Putain d'ambiance de malade, avec vue sur les Ferriate et la mer...
Il n'y a pas que Renaud qui peut mettre des lounches de porn star, votre serviteur n'est pas en reste :)
Nath dans l'avant dernière longueur
Les rappels efficaces de la Punta di l'Arghjettu
Les couleurs inégalables du massif de Bavella...
Voie Quilici, zéro équipement en place, mais de jolis pièges à friends à et sangles un peu partout
Nath arrive au terme d'une grande longueur
Petit cliché "en direct live"
Les formes sublimes de "A Bandera", à la Punta di l'Anima Dannata
Solitude assurée dans ce quartier, surtout après la fermeture du refuge, qui a lieu le jour même ! On en profite pour alléger les gardiens, en plein bouclage, de saucisson et coppa...
Très belle petite longueur en tafoni et fissure, bref une classique
Fatigué par la saison, par l'été, par l'hiver, bref par l'année. Il va faire bon se mettre les pieds en éventail pour ne pas finir par faire plus vieux que son âge !
"L'âme damnée", superbe petit monolithe
Le versant S du massif de Bavella, ultra sauvage, avec, se détachant nettement, le campanile de Ste Lucie
Jour de couenne, Nath aux prises avec un 6b court mais teigneux...
... Rudy, plus habitué à essorer la poignée droite de ses motos affûtées, se ponce les boudins sur le granit super abrasif du coin... C'est bon ça !
Votre serviteur met une petite moul' dans un joli 6c+ du coin, fissure vorace en bas, plats techniques en haut: un bijou !
Nathalie pose ses pieds dans les couennes en dalle exigeantes du col, un jour d'orage
E teghje lisce, a punta di u Corbu, les emblèmes de Bavella
Le canyon de la Purcaraccia, sublime en cette saison, lorsque le calme est retrouvé
Bartasse dans le maquis pour trouver le départ des voies, toujours un bon moment, surtout quand on ne se perd pas :)
Encore des images et des couleurs inégalables...
Nath pose les petons avec délicatesse mais fermeté dans des dalles "nustrales"
Sommet, un des plus beaux points de vue du coin, je trouve
Vent d'Ouest tempétueux, presque à trois chiffres au col... on se réfugie dans le jardinet d'Arghjavara, bien connu, pour que Nathalie croite la dernière voie qu'elle n'a pas faite. L'ami Sam Beaugey, son pote Martial, et leurs clients, grimpent à côté de nous, sympa !
Couleurs, formes, tout y est... c'est classe
Biceps décontracto-relâché pour un selfie au naturel...
Nath sort d'une petite longueur teigneuse, aux formes magiques
Sam signe un selfie de grande classe... ah c'est sûr que quand c'est pas moi qui tient l'appareil, le sourire bright bien débile n'est pas garanti. Bien joué le Chamoniard, tu m'as bien eu :)

Melting Potes...

Il est amusant de constater que le fil d'une trajectoire tient parfois à une, ou quelques, rencontre(s) marquante(s). Celle que j'ai faite avec Sylvain "Momo" Maurin à la rentrée 97, alors que je débutais les 3 années les plus festives de ma vie en tant qu'étudiant, aurait pu rester anodine: un encadrant escalade responsable du créneau "sport noté" que j'avais choisi dans le cadre de ma scolarité. Heureusement pour moi, et j'espère pour lui, les gens talentueux ont un don pour se reconnaître... :) 

Il se trouve que Sylvain était, est, et demeurera un Maître de la verticalité rocheuse, et qu'il est tombé, en mon humble personne, sur un élève très attentif, passionné, avec autant d'abnégation que de chromosomes en plus dans ma case en moins. Bref. Un quart de siècle plus tard, j'ai inscrit mon parcours professionnel dans le sillon du sien, en m'accaparant ce beau métier de guide/moniteur d'escalade à ma manière, en jouant parfois sur d'autres registres que les siens mais sa personnalité et sa pratique ont souvent influencé mes choix et guidé mes rêves.

Evidemment, notre léger écart d'âge, les moments que nous avons l'un et l'autre choisi dans nos vies pour faire des enfants, les aléas de l'existence, pour le moment bien plus sévères avec lui qu'avec moi, font que l'on passe moins de temps ensemble qu'au début des 2000s. C'étaient des années bénies, lui à courir dans les voies, moi à tenter de le suivre après l'avoir trimbalé sur les falaises dans une Saxo VTS affûtée dont les baquets nous transmettaient directement les G encaissés par les pneus et le chassis menés à la limite... Quelle époque !

Aujourd'hui, après 15 ans à enseigner l'escalade, et une dizaine à faire le guide, je me considère comme un bon professionnel expérimenté. Mais on a tous toujours quelque chose à apprendre, et avec l'ami Sylvain, les retrouvailles sont rares, intenses, et immanquablement source de leçons. Avec Momo, point de déroulante sur des bacs dans les voies suréquipées à la mode, non, ce sont des parcours initiatiques (Verdon, Tarn...) dans des lignes exigeantes, désuètes, austères, et terriblement old school. 

J'ai donc eu le privilège de l'accompagner dans sa dernière création sur le calcaire froid du versant NW des Pucelles de St Nizier: "Melting Potes" (oui il  aurait pu être le parolier de Solaar). L'occasion de voir le Maître évoluer sur du caillou gras, humide, suintant, dans un style très intéressant (fissures à coincements), avant de s'attaquer à la "couenne" du quartier avec une longueur rat en 8a(+ ?) abo sur inexistances. Paradoxalement, ce crux (issu d'une ancienne voie d'artif) paraît moins majestueux que la magnifique fissure unique de 50m qui le précède. Quelle beauté, et quelle ambiance !

Merci Sylvain pour ton indéfectible amitié, tes réflexions philosophiques, et cette inspiration que tu me transmets encore aujourd'hui. Si "la transmission est lumière d'éternité", alors toi aussi, réserve ta place au Panthéon mon ami :)

Sylvain à l'attaque du crux de la longueur clé (8a/8a+ ?) de cette grande voie bien dure... Ca ne fera pas mais les conditions sont particulièrement délicates et les prises vraiment putrides. Et puis c'est pas à 5' de la voiture pour aller taper des runs, ça se mérite ! Rembobinons un peu...
L1, pas vraiment cotable dans ces conditions. Fissure glauque et boue sont au menu... le plaisir, lui, pas vraiment !
L2, 50m de fissure large au début, puis plus fine, et moins équipée. Ambiance garantie !
Momo au relais, l'enchaînement intégral à la journée est encore possible !
Ces Camalots dernière génération, "clippables", sont ingénieux!
Les vertèbres qui font "crac" du cou au cul le matin sur un accident domestique à la con, une pierre sur l'épaule pendant l'ascension, le Padawan ne fait pas le malin... 
Maxi ambiance, et hissage obligatoire...
Le L tente de décrypter les méthodes de la longueur de 8, vraiment teigneuse !
Sortie, un dernier 7a+ dalleux qui, bien que très fin, déroule tout de même un peu plus
La fine équipe, 25 ans plus tard. A part les fringues, on n'a pas bougé d'un iota... si ?
Mi grimpeur/mi philosophe, il ne fond pas, mon pote...
Vue sur la fin de la voie normale de la Dent Gérard...

Colchiques dans les prés...

 ... c'est la fin de l'été ! Un été sacrément bien rempli en ce qui me concerne, beaucoup de journées sur des terrains divers et variés (alpinisme, escalade, canyon), conjuguées à l'habituel travail de jonglage avec les obligations familiales, du classique en somme. Au final, de très beaux moments que je partage avec vous en quelques images commentées. A bientôt pour la saison automnale, l'escalade a déjà bien repris, c'est quand même bon de sortir de la neige (là ça fait un bail) et de l'eau (la combi sèche encore dans le garage, mais c'était la der...) !

Quand l'une des références du machisme à l'ancienne tombe sur une équipe de "Lead the climb" dans le massif du Mont Blanc... ça fait un carnage ? Ben non, même pas, moment agréable et courtois... tout se perd bordel !

Balade à Toule par météo changeante, récup active après les grosses journées du versant "Diamir" du Mont Blanc !


Les maxi pots côté Combe Maudite, il y a des choses qui ne changent pas...

Il fait chaud, c'est mou... on se fout à 25m avec des noeuds !

Nouveau spot savoyard bien protégé de la pluie... utile en ces temps de début d'été où la météo a été on ne peut plus capricieuse !

Pérégrinations Dévoluyesques, ou comment chercher le beau temps "coûte que coûte"

Pas moche ce petit coin de Sud...

On ne compte plus les saisons de canyon à Bavella, normal, quand on aime... Ici le classique salto arrière au "3-6-9", immortalisé par Coline, merci !

Coucher de soleil depuis la maison à Zonza, comment s'en lasser ?

Giru d'Alisgiani en famille, un des plus beaux endroits de Corse...

Le Bucatoghju, un canyon méconnu (à juste titre :) mais qui ne manque pas de caractère, à proximité de Santa Maria Poghju

L'ami Rudy enlève les gants racing et pose les mains sur le granit parfait de Bavella... une passion est née !

Rudy se fume les bras dans "Ultima Strinta", à Campanella... c'est bon la grimpe !

L'ami Laurent, photographe pro, me shoote au départ du Pulischellu, en tenue estivale: shorty minimaliste, pas de casque... faut pas déconner! Et encore, j'ai un baudard ;)

Très beau cliché de Laurent au "Soboggan" dans le Pulischellu, un des endroits les plus ludiques de ce canyon

Instant fugace dans une dense saison estivale: un peu de couenne plaisir, ici avec l'ami et collègue Yves, aussi expressif en falaise que discret dans la vie !

A faible dose, la plage c'est quand même classe

Bronzing à u Petricaghju, une vraie semaine de coupure en saison, ça ne m'étais jamais arrivé en presque 20 ans ! Ca fait un bien fou, l'an prochain, j'en prends 2. Ensuite, 3, etc...

Paese caru...

Mariage de Christian et Véro, un moment d'amitié et de convivialité au village comme on devrait en faire (bien) plus souvent !

Vous aimez les pizze et rigoler comme des fous ? Catalì et Christophe vous attendent à Carchetu, lieu de passage incontournable (entre autres) pour tout amoureux de la Castagniccia profonde !

Jeux verticaux dans les forêts Chartrousines, Valentin se gave de tyros...

... pendant que sa grande soeur grimpe - presque - sérieusement :)

Le CREPS PACA sous la houlette (et pas "houppette", plus vraiment possible) de l'indéfectible David, m'accorde sa confiance une nouvelle fois pour être jury d'examen au Diplôme d'Etat de canyon, OI43. Derrière ce sigle barbare et inintelligible se cachent des stagiaires en fin de formation qui encadrent des cobayes, euh publics support, dans des canyons engagés et techniques. Un moment fort de leur parcours, et ils font montre, dans la grande majorité, d'une belle maîtrise. 

Les Ecouges 1, un canyon à dominante verticale dit "de référence"

Cette partie haute a vraiment du cachet et une grande ambiance, contrairement à la partie sous le pont, un misérable talus indigne d'être vendu le prix qu'en demandent les locaux ;)

Plus de 20 ans d'amitié  et de complicité, déjà, avec Pierrick. Si si, c'est possible, malgré son jeune âge. Il a toujours tout fait très tôt de toutes façons, BE, entreprise, enfants, et même - surtout - poils de barbe blancs :)

Petite grotte bienvenue pour se caler au sec

Il y a deux décennies, il m'implorait de ne pas le dénoncer à son entraîneur parce que je l'avais surpris une clope au bec un soir dans un gîte du Sud. Aujourd'hui, il fait plus vieux que moi... c'est chiant d'être immortel, le temps glisse sur moi et je demeure inchangé, alors que vous, mes amis, vieillissez, flétrissez, rabougrissez... Diable, je vais m'ennuyer quand vous serez tous partis !

La très classieuse et tufesque C65 du bas des Ecouges 1. Clap de fin sur un été bien rempli et en bonne santé, un de plus en moins (ou un de moins en plus) !