Découvrir l'alpinisme...

"On veut faire le Mont Blanc". Combien de fois chaque guide a-t-il entendu cette phrase prononcée par des citadins totalement étrangers au monde de la montagne et à ses activités?

Vu de Paris, affalé en terrasse, un smoothie mangue-papaye à la main, lounches Marc Jacob sur le pif, gel dans des tifs parfaitement ordonnés, barbe de "hipster" savamment taillée, pantalon clair trop court serré aux chevilles et petits escarpins pour homme enserrant des pieds nourris aux huiles essentielles, seul ce sommet, dont on ne sait rien, mérite qu'on s'y attarde. De plus, on a le cousin d'un beau-frère qui en a fait l'ascension il y a 20 ans et qui a confirmé que "c'était une randonnée facile". Alors, pour se faire mousser, pourquoi ne pas se risquer au delà du périph' pour s'offrir un cliché sur le toit de l'Europe ?

Et puis on débarque à Chamonix. Les conditions sont délicates, le "gotha" local (guides, compagnies, bureaux, agences) et les autorités finissent par déconseiller l'ascension de "la bosse". On découvre que les conditions font tout en montagne. On rencontre des alpinistes, des vrais. Ils parlent, à 600km de la capitale, de milliers d'autres sommets, de voies, d'itinéraires durs, pas ou peu connus. On met des crampons, manipule un piolet, pose ses mains sur le granit, se lève à pas d'heure, on fait crisser la neige à la lumière de la frontale. On gravit d'autres montagnes, et, surprise, c'est bien ! On se fout finalement du grand objectif initial, parce qu'on fait partie d'une nouvelle communauté. On devient alpiniste. Avoir faim, soif, sommeil, peur aussi parfois. On souffre un peu, on est inconfortable souvent, on fait avec. Des choses oubliées dans le cadre déshumanisé des grandes agglomérations. Les valeurs de base reprennent tout leur sens. La vie a du goût, finalement, avec des vrais morceaux de nature dedans. L'alpinisme, c'est beau, avec, mais aussi sans Mont Blanc !

Le glacier du Tour, au fond la belle aiguille du Chardonnet
Ecole de glace, Alex en action en "dix pointes"
Giuliano à l'oeuvre en glace raide
La légende vivante Antoine, ambassadeur Compeed/Sanofi Aventis, dit le "White Walker", plante ses pioches dans la glace haut-savoyarde. Son vin préféré ? Un "médoc" pardi !
Vous avez dit piégeux les glaciers ? Voilà pourquoi il faut s'encorder...
Air Lansb pour les besoins de la photo... Bon le ralenti filmé par nos indécrottables geeks est bien mieux, je l'attends avec impatience...
La Verte, les Drus, le Mont Blanc, et même Chamonix, panorama magnifique vu du chemin vers Albert 1er
Changement de décor, le refuge néo-bobo de Hohsaashütte dans le Valais Suisse. La coupole est récente, elle n'était pas là il y a 5 ans. Au premier plan, mes deux collègues pour la fin de stage: à droite Cédric, un habitué des Lansbaventures, mi-homme-mi-helvète. A gauche, le grand Benji Ribeyre, indéfectible gravarot, lui non plus pas la moitié d'une vedette ! Merci à eux pour les crampes aux zygomatiques, et vivement septembre que l'on célèbre leur médaille de guide, un verre à la main, une pute à frange dans l'autre ! Enfin je voulais dire dans un quelconque tripot haut-alpin...
Début de l'ascension du Lagginhorn, belles lumières
Thomas en solo dans la face Nord du Cervin... euh non, sur le "Wanderweg" du Laggin ;)
Nous n'étions pas seuls...
"En marche !" Comme on dit dans le Marais...
Au loin le Weissmies, une belle claque dans sa gueule depuis mon dernier passage en août 2012
Courte dalle en bon caillou

Arête en forme de pile d'assiettes, au fond, Saas Fee
Summit ! Deux cordées heureuses et Cédric derrière l'appareil. De gauche à droite: Alexandre, dit "le Teuton", Guigui, dit "Black cat", Flo, Thomas, et Giuliano. Evidemment, au bout, votre serviteur avec sa tête de buzzer. Plus bas, Antoine et Benjamin sont sur le chemin du retour. Ambiance ventée et froide, ça change des 15j de canicule que la France subit !
Fletschhorngletscher... à vous souhaits !
Le thème de la semaine: Compeed et Vogalène... Oui, à la capitale, on ne se nourrit que de ce qui se trouve en pharmacie... On est au delà du bio là, bienvenue dans l'ère post-bobo ! Cette photo vous a été présentée par les pharmacies Serono/Sanofi/Gifar
Fondamentaux "relais" à proximité du refuge, Thomas et Alex aux manettes...
Ecole de neige, exercice de corps mort pour éviter d'avoir un... corps mort !
Apfelstrudel de bon niveau, avec sa véritable mare de crème !
Départ de la voie normale du Weissmies, sacré glacier...
Thomas mène la cordée sur le Hohlaubgletscher
Lagginjoch, petite course d'application pour nos stagiaires qui nous ont guidé jusque là haut. Au centre, le truculent Florian, ex-bodybuilder reconverti dans les bar à ongles ;)
Benji nous salue plein vent. Merci à toute l'équipe pour ce stage d'une semaine rondement mené. Deux "4000", de l'escalade, des éducatifs neige/glace, un peu d'autonomie, beaucoup de rires et de blagues d'ados, le cocktail est réussi !

Un 4000 pour débuter

C'est l'histoire d'un groupe de potes Parisiens qui décide de s'offrir des vacances entre sport et aventure, direction la "Mecque" de l'Alpinisme: Chamonix. Exit les soirées bobo en terrasse, les chemisettes en lain et les mocassins en nubuck mauve, finies les sorties "viriles" au paintball, les voici qui débarquent dans l'antre de la haute montagne. Je retrouve avec grand plaisir Thomas, avec qui j'ai grimpé plusieurs fois dans les Calanques, et qui est à l'origine du projet. 

Les bougres ont bien préparé leur affaire et leur équipement est irréprochable lorsque Cédric et moi checkons les sacs: c'est suffisamment rare pour être souligné ! On peut donc entrer sereinement dans le vif du sujet: une première expérience avec l'ascension dans d'excellentes conditions du Gran Paradiso, l'un des sommets emblématiques du Val d'Aoste, magnifique région transalpine. 

Cela fait beaucoup de choses nouvelles pour certains: l'altitude, la neige, la glace, un (tout petit) peu de rocher, les crampons, piolets, les courtes nuits en refuge... Au final une belle réussite pour cette troupe aux personnalités bien affirmées et une météo caniculaire qui nous offre une montagne en conditions dignes d'une fin juillet. Pas de bon augure pour la suite de l'été...

Les séracs et la glace du "Grand Pa" sur fond de Mont Blanc, superbe !
Ca tire déjà la tronche, on est le 20 juin qu'est ce que ce sera en août !
Lever de soleil sur sa majesté le Mont White...
Le L au bureau, le bleu est au goût du jour
Vue en direction de la Suisse, les 4000 du Valais sont en place avec en guest star le Cervin bien sûr
L'équipe juste sous le sommet, on touche au but, la météo et la vue sont grandioses !
Sommet ! Pose obligatoire avec la Madonna à 4061m, et pensée pour Antoine, malade, que Cédric a dû redescendre au refuge
Tour du propriétaire et petite boucle "par derrière", sensations et tranquillité garanties!
La longue descente commence, direction les pâtes de l'auberge "Tétras Lyre" !

3 Pucelles: Petit Didier, traversée, nostalgie, et introspection

Cela faisait un sacré bail que je n'avais pas apprécié les joies d'une balade verticale aux 3 Pucelles, aiguilles emblématiques du bassin Grenoblois, perchées à St Nizier, sur le plateau du Vercors. 

J'ai certes de nombreuses fois encadré des traversées d'arêtes sur ce mini-massif de caractère, mais je ne me suis attaqué à aucune voie historique, mis à part le couloir Grange et sa fameuse fissure Sandwich. De difficulté modeste, le style ultra old school est à même de dresser bien du grimpeur de résine qui ne se méfierait pas suffisamment des cotations "en chiffres romains"..

J'avais donc parcouru ce célèbre "couloir Grange" et sa vorace fissure sommitale dite "Sandwich" voici 17 ans. L'entreprise était à l'époque tout proche de mon niveau max, et je m'étais engagé à vue avec pour seul matériel une paire de chaussons et un sac à magnésie... Un style très pur, trop probablement. Accompagné d'une amie curieuse montée au sommet par le sentier écologique, j'avais donné des instructions glauques: "si je ne suis pas là haut dans 2h, appelle les secours". Super la promenade détente !

Une belle connerie de jeunesse, mais, abreuvé des saines écritures de Saint Lionel (Terray), je souhaitais me frotter à cette renfougne malcommode qui avait donné tant de fil à retordre à l'auteur des "Conquérants de l'inutile", qui allait devenir l'un des plus grands alpinistes français du XXème siècle. Le premier qui ose une comparaison avec le surmédiatisé jogger catalan prend une claque, je préviens. 

Bref, un moment fort de mes années d'étudiant que ces 180m de solo intégral alors que j'étais quasi débutant. "Ce qui ne tue pas rend plus fort", jamais cet adage ne m'avait paru plus adapté au sommet. J'avais eu de la chance ce 22 juin 2000, en évitant le grand saut après avoir cassé une prise de pied haut dans la voie, et ce fut l'occasion d'apprendre à beaucoup mieux me connaître. 

L'eau a depuis coulé sous les ponts, je sais désormais bien mieux grimper et ne me sépare jamais d'un compagnon et d'une belle Volta 9.0mm pour être sûr de rentrer le soir... Nathalie conclue donc son stage d'une semaine dans la région par une découverte des 3 Pucelles, en gravissant une voie que nous découvrons ensemble: la Petit Didier...

La Dent Gérard dont le bas est plongé dans l'ombre du couteau. Impressionnant !
Remontée du couloir Maréchal à la fraîche, malgré les +30°C dans la cuvette !
L'approche touche à sa fin avec le passage de la "boîte aux lettres" 
Monstre classe ce caillou !


Nathalie s'échauffe dans L1, du beau 5 sur un calcaire gris à trous, superbe !
Arrivée tout sourire au relais
L2, très belle et assez courte longueur. 6b+ assez discount, certains 6a de "la Roche", site école du coin, sont plus durs ! Mais quel gaz !
Nath se concentre dans la fine traversée finale et enchaîne sans coup férir, bravo !
La suite remonte une rampe facile en rocher impeccable
Une fois sur l'arête, coup d'oeil versant NW: ça rigole beaucoup moins, surtout avec le vent !

Sommet de la Dent Gérard
Nath profite de la vue incroyable du coin
Votre serviteur insiste avec ses Dufour et s'est pendu plein gaz à 100m sol: on sait que ça tient quand c'est bien fait mais on ne peut s'empêcher de serrer les miches !
A la brèche Thorant

L'art de monter une tyro avec deux monsquetons (et un Tibloc, j'avoue)
L'hyper classique, pour une première visite, je me devais de faire découvrir ça à Nath
Du coup, je m'y promène également !
Un magnifique terrain de jeu !