Melting Potes...

Il est amusant de constater que le fil d'une trajectoire tient parfois à une, ou quelques, rencontre(s) marquante(s). Celle que j'ai faite avec Sylvain "Momo" Maurin à la rentrée 97, alors que je débutais les 3 années les plus festives de ma vie en tant qu'étudiant, aurait pu rester anodine: un encadrant escalade responsable du créneau "sport noté" que j'avais choisi dans le cadre de ma scolarité. Heureusement pour moi, et j'espère pour lui, les gens talentueux ont un don pour se reconnaître... :) 

Il se trouve que Sylvain était, est, et demeurera un Maître de la verticalité rocheuse, et qu'il est tombé, en mon humble personne, sur un élève très attentif, passionné, avec autant d'abnégation que de chromosomes en plus dans ma case en moins. Bref. Un quart de siècle plus tard, j'ai inscrit mon parcours professionnel dans le sillon du sien, en m'accaparant ce beau métier de guide/moniteur d'escalade à ma manière, en jouant parfois sur d'autres registres que les siens mais sa personnalité et sa pratique ont souvent influencé mes choix et guidé mes rêves.

Evidemment, notre léger écart d'âge, les moments que nous avons l'un et l'autre choisi dans nos vies pour faire des enfants, les aléas de l'existence, pour le moment bien plus sévères avec lui qu'avec moi, font que l'on passe moins de temps ensemble qu'au début des 2000s. C'étaient des années bénies, lui à courir dans les voies, moi à tenter de le suivre après l'avoir trimbalé sur les falaises dans une Saxo VTS affûtée dont les baquets nous transmettaient directement les G encaissés par les pneus et le chassis menés à la limite... Quelle époque !

Aujourd'hui, après 15 ans à enseigner l'escalade, et une dizaine à faire le guide, je me considère comme un bon professionnel expérimenté. Mais on a tous toujours quelque chose à apprendre, et avec l'ami Sylvain, les retrouvailles sont rares, intenses, et immanquablement source de leçons. Avec Momo, point de déroulante sur des bacs dans les voies suréquipées à la mode, non, ce sont des parcours initiatiques (Verdon, Tarn...) dans des lignes exigeantes, désuètes, austères, et terriblement old school. 

J'ai donc eu le privilège de l'accompagner dans sa dernière création sur le calcaire froid du versant NW des Pucelles de St Nizier: "Melting Potes" (oui il  aurait pu être le parolier de Solaar). L'occasion de voir le Maître évoluer sur du caillou gras, humide, suintant, dans un style très intéressant (fissures à coincements), avant de s'attaquer à la "couenne" du quartier avec une longueur rat en 8a(+ ?) abo sur inexistances. Paradoxalement, ce crux (issu d'une ancienne voie d'artif) paraît moins majestueux que la magnifique fissure unique de 50m qui le précède. Quelle beauté, et quelle ambiance !

Merci Sylvain pour ton indéfectible amitié, tes réflexions philosophiques, et cette inspiration que tu me transmets encore aujourd'hui. Si "la transmission est lumière d'éternité", alors toi aussi, réserve ta place au Panthéon mon ami :)

Sylvain à l'attaque du crux de la longueur clé (8a/8a+ ?) de cette grande voie bien dure... Ca ne fera pas mais les conditions sont particulièrement délicates et les prises vraiment putrides. Et puis c'est pas à 5' de la voiture pour aller taper des runs, ça se mérite ! Rembobinons un peu...
L1, pas vraiment cotable dans ces conditions. Fissure glauque et boue sont au menu... le plaisir, lui, pas vraiment !
L2, 50m de fissure large au début, puis plus fine, et moins équipée. Ambiance garantie !
Momo au relais, l'enchaînement intégral à la journée est encore possible !
Ces Camalots dernière génération, "clippables", sont ingénieux!
Les vertèbres qui font "crac" du cou au cul le matin sur un accident domestique à la con, une pierre sur l'épaule pendant l'ascension, le Padawan ne fait pas le malin... 
Maxi ambiance, et hissage obligatoire...
Le L tente de décrypter les méthodes de la longueur de 8, vraiment teigneuse !
Sortie, un dernier 7a+ dalleux qui, bien que très fin, déroule tout de même un peu plus
La fine équipe, 25 ans plus tard. A part les fringues, on n'a pas bougé d'un iota... si ?
Mi grimpeur/mi philosophe, il ne fond pas, mon pote...
Vue sur la fin de la voie normale de la Dent Gérard...

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Le maître reste quand même beaucoup plus beau que l'élève

le Lansb a dit…

Ah ah ah ! Question de goût en effet :)