VIP skydiver

De journées chargées en escalade avec clients, de tâches administratives en occupations immobilières (maison de Corse), l'automne s'avère fort occupé... Bref, le temps de se relaxer est venu en ce vendredi en allant jumper un peu à Tallard, histoire de finir mon pack de sauts acheté en 2010 et d'inaugurer ma GoPro "in da sky" ! Tombant par le plus grand des hasards sur Julian, un jeune Suisse-Allemand moniteur d'escalade arborant une track suit identique à la mienne, je me dis que l'on va pouvoir allier l'utile à l'agréable: disserter dans la langue de Goethe, et tracker ensemble muni de nos surfaces additionnelles !

Premier saut de calage, puis ça vient vite, on se rend compte qu'il faut accélérer progressivement sans quoi à partir de suite à balle tout gainé, on se trouve illico à distance l'un de l'autre... Bref, on se prend au jeu, et on dérive bien, et loin...

Le moment idéal pour avoir un incident un peu déstabilisant: le hand-deploy qui reste dans le vent relatif et qui ne s'ouvre pas. Du classique diront les plus aguerris, mais en live et lorsqu'il s'agit de la toute première fois, on met quelques fractions de seconde (une seconde ? Deux peut-être ? Moins ? Who knows !) à vraiment réaliser que l'ouverture n'a pas lieu. Des grands coups de coude dans le sac puis les mains sur la poignée mousse, ça y est la première libé, c'est pour today ! Ah, dernière minute, finalement non, le bousier se décide enfin à s'élever dans les airs et à stopper la chute frénétique vers la planète: ouf ! Par contre, l'alti n'est pas optimiste: 450m, et la DZ est loin, très loin... trop loin !

Julian, pourtant bien au dessus, n'est à mon avis pas certain de rentrer. Ca sera en fait très juste. De mon côté, c'est sûr, ça ne va pas faire. Pas le temps de faire redescendre le palpitant, on s'active pour repérer un pré ou un champ où se vacher. C'est une première, on est forcément un peu tendu, surtout suite à l'incident à l'ouverture, mais pas de panique, il y a de la place, et on sait faire. Je choisis très vite un pré à proximité, qui a l'air de présenter une approche aisée. Au final ça se passe très bien, il faut dire que l'on se concentre un chouia plus lorsqu'il faut éviter grillages, routes, et câbles électriques. Posé 5 étoiles dans le champ.

Pour doubler dans l'avion suivant par contre, ce qui était prévu, c'est forcément cuit. Enfin je crois. Autre détail pénible, la caméra n'a pas fonctionné jusqu'au bout, faute de batteries: dommage ! S'il y a bien un saut qu'il fallait filmer, c'est ce ratage en règle et il aurait été intéressant d'avoir du feedback sur le disfonctionnement à l'ouverture. Bon, tant pis.

A peine le temps de ramasser le chiffon et de se diriger vers la route que Kevin, en vieux renard capable de retrouver un pod ou une drisse envolée à 5km de la DZ, est déjà là au volant d'une vieille 405 ! Hop, en voiture, ouverture du portail de l'aérodrome, j'arrache la Track Suit, éjecte le parachute, monte en quatrième vitesse sur le quad de Gael qui démarre en trombe, et file vers le Pil qui tourne déjà, blindé de sauteurs impatients.

Un second piège m'attend, je l'enfile à la hâte, remets les track pants, et décolle illico vers mon 100ème saut ! Avion, voiture, quad, c'est ce qu'on appelle du para version VIP ! Le premier saut à trois chiffres est donc empilé dans la foulée, toujours avec Julian. Du pur plaisir, en prenant bien soin, cette fois, de ne point se faire embarquer trop au nord par le facétieux vent de sud...