Héliski à Courmayeur: autopsie d'une découverte

L'héliski. Activité très particulière qui ne laisse personne indifférent. A en écouter les sempiternels débats sur l'éthique, les richissimes pollueurs/profiteurs/écolophobes sont voués aux gémonies par les toujours plus sectaires bobos/bouffeurs de tofu/défenseurs des animaux adeptes de toute forme de mobilité douce aussi inadaptée soit-elle parfois à la vie moderne. 

Bref, l'occasion faisant le larron, je profite d'une offre de mon ex-formateur Ralf Tenbrink (du proba en passant par l'aspi et jusqu'au final du stage de guide), pour qui j'ai énormément d'estime, pour m'adonner à cette façon très spéciale d'emmener des clients en montagne. Histoire de partager un moment avec lui et de diversifier mes activités, déjà riches, cet hiver.

Je ne rentre pas dans le débat déjà lu/vu/entendu mille fois sur l'éthique de l'utilisation d'un oiseau de fer pour chasser les pentes vierges. Ou alors vite fait.

Mon point de vue est que l'impact de cette activité sur la planète est infime comparé au développement des stations traditionnelles, ou même simplement d'un site comme Facebook dont l'implantation des immenses serveurs nécessite des champs à perte de vue et dont le refroidissement impose la mise en place de techniques se rapprochant de celles employées dans centrales nucléaires. J'exagère à peine. Que quelques passionnés fortunés s'offrent très épisodiquement du rêve après des semaines de 70h de boulot serait-il donc plus méprisable que lorsque des centaines de millions de gamins se connectent sur des sites tentaculaires pour liker et partager des conneries, au mépris de la moindre activité physique comme en témoigne leur morphologie toujours plus grassouillette ? Pas sûr. End of story donc. 

Pour en revenir au travail, le guidage en héliski nécessite d'excellents skieurs, et une grande capacité d'adaptation. Contrairement à la montagne "classique", y compris dans les domaines de haute altitude comme Cham avec la supersonique aiguille du Midi, on passe d'une terrasse de café à un glacier immense et strié de crevasses à 3500 en une poignée de minutes. Le changement d'univers est brutal et la concentration totale. Pour ce qui est de la remontée de l'itinéraire vu depuis la machine, le spectacle est grandiose et participe au plaisir, il faut bien l'avouer !

Merci à www.guidemonterosa.com pour leur confiance !

Après une journée délicate en hors-piste à Courmayeur pour cause de vent tempétueux, on attaque les choses sérieuses: le grand Ralf s'apprête à embarquer avec ses clients, nous sommes les suivants
L'aiguille de Tré la Tête et le Mont Blanc vus depuis l'immense glacier de Lex Blanches. Un superbe et long run en conditions très correctes
Des glaciers qui ne font pas rire !
Le soleil donne, il fait presque trop chaud
La navigation n'est pas un vain mot sur ces mastodontes de glace, beau temps indispensable
Sur le glacier du Petit Mont Blanc, sous l'aiguille de l'Aigle, des formes chaotiques et magiques
Entrée bien raide de la rampe d'accès à la face Nord du Mont Fortin, le "home run"
Panorama de fou sur le Val Veny et au loin, le Grand Combin
Petit bout de pente raide pour finir la journée sur le Fortin
Mes très solides golgoths Danois, bien campés sur leurs fats de 2m10 !
Belle journée de grand ski mais ça reste du travail avec du stress
Ready to fly !
Col des Pyramides calcaires, de la poudre à revendre !
Ga-va-de !
Sur le glacier de l'Estelette, un peu plus chaud mais la neige demeure très honorable
Les beaux petits couloirs de l'Aiguille de l'Estelette, un peu trop chauffés pour aujourd'hui
Et ça continue de plus belle !
Maialino al brace ! Spécialité succulente du resto Petit Mont Blanc à Zerotta !
Merci à mon super trio de dentistes Danois: Sven, son frère Stig, et leur pote Jens, d'excellents skieurs (Jens est moniteur de ski) et de sacrés bons vivants !

"Man vs. Wild" aux 3 Vallées

La neige continue de tomber ce matin et les éclaircies annoncées par MF pour cette journée ne viendront jamais. Rapide coup de fil: mes clients Bataves semblent avoir envie de rester au lit en ce jour très hivernal, au plafond bas, et aux flocons qui tombent en biais sans discontinuer...

Je les laisse à leur appel du lit et remet cette journée au lendemain (comme quoi le proverbe dit vraiment n'importe quoi). L'impayable Pompon, collègue guide localisé sur Courchevel en ce moment, n'est pas dispo pour se gaver de poudre entre potes, il s'est trouvé un taf de "déneigement" ! C'est donc désappointé mais bien déterminé à ne pas gâcher cette opportunité que je quitte le nid en milieu de matinée. 

Le brouillard est dense, le vent froid, la neige fraîche se transporte, la couche au sol est déjà conséquente, je suis seul... tous les voyants sont donc loin d'être au vert ! Je me propose de parcourir de beaux hors-pistes de la vallée de Méribel qui ne dépassent que rarement la barre des 2000m d'altitude, en cherchant à rester dans des pentes faibles. 

Le magique itinéraire Altiport > Brides les Bains n'est que rarement en conditions, c'est l'occasion ou jamais de descendre toute la vallée sur les lattes, pour finir à moins de 600m dans la station thermale. Certaines sections forestières manquent un poil d'or blanc mais dans l'ensemble ça passe pas trop mal. 

Par la suite je bascule rive gauche pour jouer sur la montagne de Cherferie, en m'offrant une variante de la Stetta, la classique étant à mon goût trop raide au départ vu les conditions, puis la Combe Fenêtre, encore plus isolée vers le Nord. Les bulles permettent de rentrer aisément depuis les Allues, ce qui est l'assurance de skier loin de la foule, et bas en altitude. Ca tombe bien, c'était le cahier des charges du jour ! 

La photo d'ambiance: ultime gavage dans les variantes de la Stetta ! Zérotrace.com !
Depuis l'altiport, c'est parti avec de la pente douce et recouverte d'un épais manteau blanc sur le Golf de Méribel...
Dans les clairières forestières, la neige ne manque pas...
Traversée de la route de la Tania au niveau du Plantin, et on replonge dans les bois
Traversée de "Hauteville" la bien nommée...
Mauvaise visi + vent violent + grosse poudre = l'itinéraire est judicieusement choisi !
Les Chavonnes apparaîssent. Dans la vallée, le temps est moins hostile
On a beau être à la montagne, la té-ci n'est pas loin hein ;)


La riante bourgade de Brides les Bains... Terminus, tout le monde dans les bulles, et en moins d'une demi-heure retour à la Chaudanne
Par ce temps et cette visi inexistante, on a pris les skis de montagne, le GPS, et les peaux dans le sac ! (Et puis on ne voulait pas ruiner les mégafat dans la forêt de Brides, aussi, surtout ?)
Vers le creux de la Stetta, c'est un poil raide vu les conditions (et je suis seul), je le sens moyen: on ira gratter une variante un peu plus au Nord et plus safe...
Ambiance paumatoire... un malheureux surfeur anglais en aurait, à en croire les journaux, récemment fait l'expérience, perdu dans le quartier, retrouvé trop tard...
Retour sur "les villages", la piste qui ramène aux Allues. Peu de miel en cette saison...
Paysage irréel sur la toundra au delà du Roc de Fer, vent, brouillard, solitude...
Sur l'arête, seul au monde... ambiance et températures polaires, merci le zef !
Retour Saulire dans un brouillard infâme, visibilité spatules stricto senso ! On suit bien sagement les piquets et heureusement qu'on connaît la station ! Content d'être rentré !

Grands hors-pistes au pays du Mont Blanc

Au coeur de l'hiver, le passage par Chamonix est un rituel obligatoire. Ce temple du ski haut de gamme, au sein du massif le plus célèbre d'Europe, offre souvent des journées inoubliables. Celles de ce week-end n'échappent pas à la règle, avec de petites réalisations sympathiques avec clients dont les progrès en ski toute neige sont palpables: une vallée Blanche variante Gros Rognon pour s'échauffer. Du classique ? Oui, mais avec l'immense privilège d'être absolument et littéralement seuls sur tout l'itinéraire ! Rare et précieux.

On poursuit par un Pas de Chèvre via le couloir central, en compagnie de l'excellent Fanfoué Antichan et de ses clients. Une brave soirée potache parachève cette grosse journée, au resto avec en outre les deux François (le Fanfoué sus-cité bien sûr, mais aussi l'incontournable Pompon, que l'on ne présente plus) !

Rebelotte le lendemain avec une journée sur le Tour et Vallorcine, moins haut en altitude, afin d'échapper au très fort vent de Nord Est. Rencontré au hasard sur le parking, mon ami et collègue Juju "Casa", légende locale des pentes et des bars, nous convie à partager quelques courbes plus raides avec ses propres clients. Une petite collective en guise d'intermède, avant d'aller jouer chacun dans son coin, au rythme de nos clients respectifs ! Seul ce maudit vent et ses rafales défrisantes mettront un terme un poil prématuré à la session du dimanche...

A l'attaque du couloir central du Pas de Chèvre, sur fond de Mont Blanc fumant et de vallée de Chamonix sous la crasse !
Mon illustre collègue et ami Fanfoué entouré de quelques excellents skieurs..
Les magnifiques Drus nous dominent 
20m de rappel pour accéder à la moraine. 300m plus bas, la mer de Glace
La sortie du Pas de Chèvre, en conditions pénibles... pour les skis, "finition pierre" assurée...
Sur la passerelle de l'Aiguille, l'ambiance glaciale nous cueille d'emblée
L'ombre du Gros Rognon, dont nous allons négocier au plus près le flanc Est. Le fort vent a sculpté la neige et balayé toutes les traces. Nous sommes seuls et le resterons toute la descente. Privilège rarissime !
Majestueux Tacul !
Dans l'ombre des séracs du Géant, le gros Rognon éclairé par l'astre du jour
Au coeur des séracs du Géant, une glace bleue façon cristaux de méthamphétamine made in Heisenberg, pour les fans de "Breaking Bad" !
Passage pète c... euh casse-bonbons à la salle à manger...
Un poil de poudre, non soufflée ni cartonée, en terrain plat
L'ami "Casa", incontournable local de l'étape, flanqué de son inséparable Sergueï, à l'entrée des couloirs de l'Aiguillette des Posettes
Vent de folie, les Autanes, ce sera pour une autre fois !
Dans le couloir des Biets, ski de combat surplombant les hameaux de Vallorcine